Histoire de l’aviron : une numérisation exceptionnelle à Compiègne
Suite à l’information du Carré des canotiers, le Sport Nautique Compiégnois (SNC) a répondu, en partenariat avec les Archives de l’Agglomération de la Région de Compiègne (ARC), à l’appel de la Bibliothèque Nationale de France dans le cadre des Jeux Olympiques PARIS 2024.
Cet appel à projets, lancé auprès des différents acteurs du sport et notamment des associations, vise à mettre en valeur les archives du sport français par leur numérisation et leur mise en ligne via Gallica.
Une partie des archives du SNC a donc été numérisée par les Archives de l’ARC qui les conservent.
Ce fonds (coté 69J/COM) comprend :
• un cahier des réunions du Comité Directeur de 88 pages couvrant la période de 1905 à 1913.
• un album photographique (comportant 27 photos) couvrant la période de 1894-1923.
• la collection complète du Bulletin du Sport Nautique Compiégnois, journal imprimé. 437 pages couvrant la période 1922 à 1939.
• des plaquettes des anniversaires du SNC : 100 ans de 1982, 120 ans de 2002 et 130 ans de 2012.
Actuellement en ligne, ces documents sont consultables sur le site de l’ARC.
Ce fonds permet d’appréhender la vie du SNC sur une quarantaine d’années. Outre les rapports du Comité et les photographies des embarcations, équipages et de leurs activités nautiques, le bulletin est une véritable mine pour comprendre les efforts des sociétés d’aviron pour trouver les subsides nécessaires à l’achat de bateaux compétitifs. L’article Le Sport Nautique Compiégnois pendant l’entre-deux-guerres. Un exemple de sociabilité étudié à partir de son bulletin interne des Annales historiques compiégnoises (voir l’article pages 28 à 38) sera une bonne introduction à sa lecture car, comme beaucoup de sociétés nautiques de l’époque, le SNC ne fait pas que de l’aviron. On y fait de la périssoire et du canoë canadien ainsi que de la natation et du plongeon. Le club, antenne du Touring Club de France, disposait aussi d’un port de plaisance et d’une plage urbaine comme celles de la région parisienne. À l’image d’autres clubs novateurs, les femmes y rament et constituent des équipes. En 1924, Melle Gebel est la première barreuse admise dans les courses de la Fédération d’aviron sans être suspectée d’être une canotière. La presse nationale salue l’audace de la pionnière.
Les très belles photographies en ligne sont certainement d’Octave Carpentier. Rameur du SNC dans les années 1890 puis entraîneur et dirigeant jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, c’était aussi un adepte du tourisme fluvial à bord du Flâneur, son canot à moteur. Cinq albums Carpentier, récits de ses croisières fluviales au départ de Compiègne dans les années 1920 : le « tour de l’Île-de-France », les voyages sur l’Yonne, la Seine, l’Aisne, etc., ont aussi été déposés aux Archives de l’ARC. Ces journaux de bord illustrés d’aquarelles et de photographies seront prochainement mis en ligne.
On comprend que ces archives désormais accessibles sont une mine pour les historiens du sport, les chercheurs et tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des loisirs et sports nautiques. Cette démarche de dépôt des archives des clubs auprès d’institutions spécialisées dans leur conservation est un exemple à poursuivre. Ces sociétés d’aviron, apparues bien avant les actuels sports spectacles, sont parfois plus que centenaires (certaines ont été fondées dès les années 1840). Ces clubs, qui souvent pratiquaient d’autres sports (rugby, cyclisme, tennis, escrime...), sont riches de leur patrimoine constitué aussi de trophées, d’embarcations et matériels qui font histoire.
Ces sources historiques et patrimoniales doivent être protégées. Elles sont essentielles à la reconnaissance de l’aviron et de son importance dans le développement des sports français.